Le samedi chez maman
Ils sont impossibles à oublier ces jours joyeux. J’habitais
chez mes parents et le weekend j’étais celui qui se levait le plus tard. Les
doux draps bleus rendaient impossible à les quitter plus tôt. Ma mère était
déjà en train de préparer le repas. Il ne fallait pas trop avancer vers la
cuisine pour être capable de sentir les odeurs délicieuses qui en sortaient. Je
commençais à descendre les grands escaliers pour arriver au-rez-de-chaussée de
la maison. Dès que j’étais plus proche, cette bonne odeur s’intensifiait et j’avais
encore plus envie de goûter la « fabada »
que ma mère cuisinait. J’attendais impatiemment et mettais la table rapidement
pour ne pas perdre du temps précieux lorsque le plat serait prêt. Finalement,
maman apparaissait avec la grande casserole grise qui dégageait cette odeur
enivrante. Après que toute notre tablée avait été servie, je commençais à
manger ce mélange incroyable entre la douce texture des haricots blancs et le
goût intense du chorizo et de tous les autres types de viande qu’on y ajoute. Définitivement, il n’y
a aucune autre place au monde où l’on mange aussi bien que chez maman.
Écrit par Josué
LA DERNIÈRE PAGE, UN GRAND PETIT
PLAISIR
C’est pendant l’enfance que l´on commence
à éprouver de petits plaisirs qui nous accompagnent au fil des années. Ce sont
des impressions indéfinissables qui nous récompensent de lourds soucis quotidiens
et qui, à la fin, rendent la vie plus agréable à tous ceux qui ont eu l’immense
chance de découvrir la valeur extraordinaire des choses insaisissables.
Tel est le cas par exemple de la
dernière page d’un bon roman, un plaisir incontestable. Cette page, qui nous attend
tout le temps sans regretter sa position, devient une tentation dès que les
premières pages ont capté notre intérêt.
C’est la page qui met à l’épreuve la volonté de ne pas tricher avec la promesse
d’un dénouement inimaginable.
Après le point final, on dit au
revoir au monde dans lequel on a été plongé. Peu importe que ces jours soient
pluvieux ou pas, parce que l’auteur nous a fait habiter dans un autre paysage
exclusif où, sans le savoir, on a été l’invité silencieux et privilégié qui a
eu l’opportunité exceptionnelle de connaître le secret final.
Ma première expérience avec
l’aromathérapie
Ça fait
longtemps, mais je m’en souviens comme si c’était hier. Madrid, quartier
de l’Almudena, Rue Atocha. José et
moi, vraiment fatigués après une dure semaine de stress, de bruits de bureau,
des montagnes de papiers qui n’arrivent pas à être escaladés. On était
préparés, avec nos maillots de bain, pieds nus, et moi, un chignon sur la tête.
Tout était
vapeur. Obscurité presque profonde, sauf pour la faible lumière des bougies qui
nous permettait d’entrevoir la citerne centenaire, arabe. La première des
thermes était la plus tiède, mais la suivante était très chaude, ma préférée.
Le seul bruit dans la grande salle était provoquée par un filet d’eau qui
cassait la lisse surface de la piscine.
Je me
rappelle de la belle sensation du contacte de l’eau sur ma peau. L’humidité
chargée d’une odeur douce, de fruits, de cannelle. De la proximité de José, qui
avait ses yeux fermés, un bref frôlement pour sentir sa chair de poule, excitée
par l’excès de chaleur et le plaisir du calme.
Après un
massage avec d’huile essentielle aromatisée au romarin. C’était simplement sédatif,
exotique, une de ces choses qu’il faut expérimenter avant de mourir. Et pour
finir le rituel, du thé marocain, thé vert avec de la menthe, vraiment frais.
Et franchement, très nécessaire pour sortir de cet endroit, parce que, après
cette expérience complète, on ne pouvait pas bouger un doigt !